Vers une nouvelle synergie entre agriculture et transformation
La qualité et la rentabilité passent par une meilleure organisation de la production en amont. Lors de son intervention à l’Agora des Experts, Ahmed Radja a plaidé pour une intégration plus forte entre agriculture locale et filières agro-industrielles.
Mardi, dans le cadre de l’Agora des Experts du salon Djazagro, Ahmed Radja, ingénieur agroéconomiste et dirigeant de la société SOGESTA, est intervenu sur un sujet aussi technique que structurant : les exigences techniques et organisationnelles des productions agricoles destinées à la transformation.
Son discours, nourri par une double expérience de terrain et de conseil, a mis en lumière les conditions fondamentales pour faire émerger une filière agroalimentaire compétitive, durable et alignée sur les réalités algériennes. En s’appuyant sur des exemples concrets, il a démontré que la qualité d’un produit transformé dépend avant tout de la rigueur appliquée dès l’amont, au niveau de la parcelle.
« La qualité et l’excellence se produisent au niveau de la parcelle », a-t-il affirmé d’emblée, invitant les participants à revoir leurs priorités. Pour lui, les standards de qualité et de rentabilité qui guident les unités de transformation imposent des exigences bien précises aux producteurs : choix variétal adapté, maîtrise de l’itinéraire technique, mécanisation, logistique post-récolte… Autant d’étapes qui conditionnent directement l’aptitude d’un produit à entrer dans un processus de transformation industriel.
Il a notamment détaillé les différents paramètres à intégrer : la mécanisation des récoltes, encore trop limitée dans certaines filières ; le transport, qui doit respecter des délais courts pour préserver la fraîcheur ; les traitements préalables (lavage, tri, calibrage) ; et enfin, le stockage, qui nécessite parfois le recours à la chaîne du froid. Ces éléments, bien que souvent négligés ou sous-estimés, sont essentiels pour garantir des volumes réguliers, une qualité constante et une meilleure rentabilité globale.
Son intervention lui a également donné l’occasion de délivrer un message fort à destination des investisseurs présents dans la salle ou attentifs à la thématique : la transformation ne peut réussir sans une base agricole solide et bien organisée. Trop souvent encore, les projets industriels se heurtent à l’absence d’approvisionnement local fiable, en quantité comme en qualité. Il a donc plaidé pour une meilleure coordination entre producteurs et transformateurs, basée sur des cahiers des charges clairs, une mutualisation des moyens techniques, et des relations de confiance.
Dans ce contexte, l’Agora des Experts a pleinement joué son rôle de carrefour d’idées et d’orientation stratégique. Selon Ahmed Radja, ce type d’espace est essentiel pour accompagner les porteurs de projets dans leurs réflexions et leur permettre de sécuriser chaque étape de leur investissement. « L’expert, qu’il soit une personne physique ou morale, est là pour aider l’investisseur à construire un projet viable, en intégrant toutes les dimensions techniques et économiques », a-t-il précisé.
Enfin, en conclusion de son intervention, il a salué l’évolution du salon Djazagro, qu’il fréquente régulièrement. Ce dernier, selon lui, reflète fidèlement la transformation en cours du secteur agroalimentaire algérien. Il a rappelé qu’il y a quelques années encore, de nombreuses unités industrielles fonctionnaient avec des matières premières importées. Aujourd’hui, une nouvelle dynamique est en place : celle de l’intégration progressive des productions agricoles locales dans les chaînes de transformation.
Cette évolution, soutenue par les politiques publiqu es, ouvre de nouvelles perspectives. Elle valorise le produit national, stimule les investissements agricoles, et favorise l’émergence de circuits courts plus résilients. Le salon Djazagro, à travers ses espaces comme l’Agora des Experts, contribue activement à cette dynamique vertueuse en rapprochant les acteurs de l’amont et de l’aval de la filière.