Vers une banque de données des aliments algériens
Enseignant-chercheur spécialisé dans la nutrition humaine à l’Université Constantine 1, Djamel Eddine Mekhancha était à l’Agora des Experts de Djazagro 2025 le mercredi 9 avril pour sensibiliser le public du salon à la nécessité d’une banque de données sur les aliments algériens. Il revient dans cette interview sur le cœur de son intervention
– Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?
J’ai obtenu mon premier diplôme ingénieur en industries alimentaires en 1978, à l’université de Constantine. J’ai poursuivi des études post universitaires et je me suis spécialisé sur les questions de l’alimentation et de la nutrition. Titulaire d’un doctorat en Nutrition humaine, je suis enseignant et chercheur à l’Institut de la Nutrition, de l’Alimentation et des Technologies AgroAlimentaire (INATAA) de l’Université Constantine 1 depuis 40 ans. Membre fondateur du laboratoire de recherche Alimentation, Nutrition et Santé (ALNUTS), membre fondateur et vice-président de la Société Algérienne de Nutrition (SAN), j’ai participé à des projets de recherche et au montage de cursus de formation dans les domaines et spécialités des sciences alimentaires et des sciences de la nutrition.
– En quoi une banque de données pour les aliments algériens vous paraît-elle nécessaire ?
Les banques de données sur les aliments regroupent des informations sur les aliments et notamment leur composition en nutriments et autres substances : énergie, protéines, lipides (acides gras, oméga 3, oméga 6, …), glucides (sucre ajoutée, fibres, …), vitamines, minéraux (calcium, fer, sodium, …).
Il ne peut pas y avoir d’études et de conception de menus adaptés sans ces banques de données sur les aliments. De même, il n’est pas possible de comprendre le facteur alimentaire dans de nombreuses pathologies sans la connaissance de la composition des aliments fournie par ces banques de données. Elles doivent être établies selon des règles définies par le réseau INFOODS et la FAO. On ne peut pas utiliser une banque de données américaine ou européenne pour l’Algérie. Les aliments algériens (traditionnels ou industriels) ont leurs spécificités. Les pratiques commerciales, alimentaires et culinaires algériennes ont également leurs spécificités.
– Quels sont les professionnels qui pourraient être intéressés par la mise en place de cette banque de données ?
Elles intéressent les chercheurs en santé et nutrition, les nutritionnistes, les médecins, les gestionnaires des collectivités (restauration scolaire et universitaire, qui concerne au total près de 15 millions d’élèves et d’étudiants), les économistes et les planificateurs, les producteurs agricoles et les transformateurs, de nombreux acteurs du système alimentaire et bien évidemment les consommateurs soucieux de la qualité nutritionnelle de ce qu’ils achètent, cuisinent et consomment. Cela permet aussi de classer les aliments selon leurs intérêts nutritionnels pour les choix, les équilibres alimentaires, l’élaboration des menus, les recommandations nutritionnelles et les conseils diététiques, l’élaboration des plans alimentaires, …
Les classifications des aliments telles la classification NOVA, le NUTRISCORE et l’application française YUKA (entre autres) ont également besoin de ces données.
Nous remercions Djamel-Eddine Mekhancha pour son intervention et ses enseignements. Rendez-vous sur l’Agora des Experts du 12 au 15 avril pour Djazagro 2026.