Vers une intégration durable entre agriculture et transformation en Algérie
Lors de son intervention à l’Agora des Experts au salon Djazagro, Ahmed Radja Ingénieur Agro Economiste, pour Sogistal, société de gestion et de solution technique pour l’agriculture, a mis en lumière une problématique clé au cœur de l’agro-industrie algérienne : l’intégration des filières agricoles locales aux unités de transformation.
En Algérie, une nouvelle dynamique agro-industrielle se dessine. Après des années de dépendance aux matières premières importées, le pays amorce une réintégration stratégique entre les filières agricoles locales et les unités de transformation. Une transition qui impose de repenser l’ensemble de la chaîne, du champ à l’usine.
Des choix techniques à la parcelle pour garantir la qualité
Le retour à une synergie entre producteurs agricoles et industriels passe d’abord par la maîtrise des critères de production dès la phase de culture. Pour être aptes à la transformation, les produits agricoles doivent répondre à des exigences précises, tant en matière de variété que de conduite culturale.
Certaines variétés sont spécifiquement sélectionnées pour leurs qualités technologiques : taux de sucre, matière sèche, densité, taux d’huile, etc. Ces caractéristiques sont déterminantes pour assurer une transformation efficace et économiquement viable. L’itinéraire technique doit donc être adapté en amont : fertilisation, irrigation, traitements et période de récolte sont optimisés pour répondre aux besoins des usines de transformation. Ainsi, le véritable enjeu se joue à la parcelle, où chaque décision impacte directement la qualité et la rentabilité du produit final.
Une logistique bien pensée au service de la performance
Une fois les récoltes prêtes, la logistique entre en jeu avec un double niveau d’intervention. À la parcelle, la mécanisation permet de garantir une récolte rapide, homogène et conforme aux volumes attendus. Hors parcelle, le défi réside dans le transport, le lavage, le calibrage et le stockage des produits dans des conditions optimales pour préserver leur qualité jusqu’à la transformation.
Mais cette logistique ne fonctionne efficacement que si elle s’inscrit dans une organisation fluide et concertée. Cela implique une gestion rigoureuse des récoltes, un calendrier précis de transport et une coordination financière solide entre les différents maillons de la chaîne. Le tout repose sur des accords contractuels clairs qui définissent les responsabilités et les engagements de chacun.
Trois modèles de contractualisation pour une filière maîtrisée
L’intégration entre agriculture et industrie nécessite un cadre de contractualisation adapté. Trois grands modèles sont aujourd’hui distingués : la location, où le transformateur exploite lui-même des parcelles agricoles ; le partenariat, fondé sur une gestion partagée entre agriculteur et industriel ; et la production pour compte, où le producteur s’engage à livrer sa récolte selon un cahier des charges précis.
Chacun de ces modèles vise à sécuriser les volumes et la qualité des matières premières, tout en garantissant une juste répartition de la valeur ajoutée. Leur efficacité dépend toutefois de conditions précises : un encadrement technique renforcé, des mécanismes de financement adaptés via des crédits d’exploitation, et une logistique performante à chaque étape.
Dans ce contexte, l’Algérie dispose d’atouts majeurs. Son vaste territoire, aux climats variés, lui permet d’envisager une production agricole riche et diversifiée, apte à alimenter des marchés nationaux et internationaux. Reste à créer les conditions de cette ambition : une structuration rigoureuse des filières, une montée en compétence des acteurs, et le respect des normes de transformation exigées par les organismes certificateurs.
Nous remercions Ahmed Radja pour son intervention et les enseignements. Rendez-vous sur l’Agora des Experts du 12 au 15 avril pour Djazagro 2026.
